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mercredi 4 juin 2014


Un dragon dans l'espace





Afin de ne plus dépendre des Soyouz russes pour accéder à la Station spatiale internationale, la Nasa finance depuis 2010 trois projets privés d'un transport spatial. SpaceX vient de dévoiler la version habitée de la sa capsule Dragon, actuellement utilisée pour le ravitaillement de l'ISS. Un premier vol d'essai inhabité est prévu en 2015.


SpaceX vient de dévoiler la version habitée de sa capsule Dragon dont Futura-Sciences s’était fait l’écho en avril 2013, lors d'une présentation très américaine au siège de la société à Hawthorne près de Los Angeles en Californie. Cette capsule habitée sera capable de transporter jusqu’à sept passagers à destination de la Station spatiale internationale. Elle sera utilisée également pour le retour sur Terre et comme véhicule de sauvetage.
Point fort de cette capsule, elle pourra se poser à peu près partout sur Terre. En effet, sa motorisation est suffisante pour, après la séparation d'avec l'ISS, modofier sa trajectoire avant la rentrée dans l'atmosphère. Pour le retour au sol, SpaceX prévoit toujours une freinage ultime parrétrofusées. Elle n'utilisera donc pas de parachutes, sauf en cas de dysfonctionnement des moteurs. Ce vaisseau présente donc l’immense avantage d’être utilisable très rapidement notamment pour une mission de sauvetage, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui avec les capsules Soyouz.






Un vol de la capsule Dragon V2 avec retour de 6 astronautes, freinage atmosphérique et atterrissage en douceur sur rétrofusées. © SpaceX
Le lancement de cette capsule habitée se fera depuis le Centre spatial Kennedy, sur le pas de LC-39A, site historique de l’épopée spatiale. La Nasa l’a en effet loué à SpaceX pour les 20 prochaines années. Pour rappel, ce pas de tir a servi dès le 9 novembre 1967 aux lancements de 12 fusées géantes Saturne 5 et à 80 envols de la navette spatiale du 12 avril 1981 (premier vol d'une navette) au 8 juillet 2011 (avec Atlantis). Tous les vols habités vers la Lune, à l’exception de la mission Apollo-10 avec un lancement le 18 mai 1969, sont partis du LC-39A qui s’étend sur 65 hectares.

Objectif : une capsule habitée opérationnelle fin 2017

Cette capsule est réalisée dans le cadre du Commercial Crew Program de la Nasa qui compte également la capsule CST-100 de Boeing et la mininavette spatial Dream Chaser de Sierra Nevada. Malgré des retards sur les plannings initiaux, la Nasa se satisfait de l’état d’avancement respectif de ces trois projets en compétition pour transporter ses astronautes que l'agence spatiale finance par étape.
Ces trois sociétés prévoient un vol d’essai, inhabité dans le courant de l’année 2015 et un premier vol de démonstration habitée à destination de la Station spatiale internationale à l’automne 2017. Si les financements suivent, le service pourrait devenir opérationnel fin 2017.
Seul bémol, avant la crise russo-ukrainienne, le Congrès s’interrogeait aujourd’hui sur l'intérêt de financer un système de transport spatial à une seule destination (l'ISS)pour une durée réduite. Pour comprendre ses réticences, il faut savoir qu’en parallèle la Nasa développe sa propre capsule, l'Orion-MPCV, pour ses futures expéditions lointaines dans le Système solaire et que la fin de vie de l'ISS est prévue en 2020, voire 2024. Certes, il est question de moins dépendre des capacités de transport spatial russes pour accéder à la Station spatiale internationale, mais avec une fin de vie aussi rapprochée et des places à bord du Soyouz acquises jusqu'en 2017, l’interrogation du Congrès à financer ce programme est légitime dans ces temps de crises. Mais cela, c'était avant les tensions avec Moscou liées à la crise ukrainienne.
Pour rappel, aujourd’hui, seule la Russie est capable de transporter des astronautes jusqu'à la Station et les redescendre sur Terre à bord des capsules Soyouz. Pour transporter ses astronautes la Nasa achète des places dans les capsules Soyouz. Mais cela a un coût. Et il est en augmentation constante depuis l’achat des premières places avant le retrait des navettes. Il était alors de seulement 26,3 millions de dollars. Aujourd'hui, il lui en coûte 459 millions de dollars pour 6 places (76,3 millions par siège) pour la période 2017-2018. Une somme à comparer aux 70,7 millions à débourser pour la période précédente (2016-2017) et aux 51 millions de dollars pour la période 2011-2012.

Par Rémy Decourt, Futura-Sciences

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