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mercredi 4 juin 2014

Une de plus, toujours pas de petits potes aliens !

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Une équipe d’astronomes a annoncé lundi avoir repéré une mégaplanète rocheuse, dix-sept fois plus lourde que la Terre. Kepler-10c, c’est son nom, a été très vite surnommée Godzilla – une référence au roi des monstres japonais qui fête son 60e anniversaire cette année, et à son gabarit imposant. Au-delà du clin d’œil, la découverte d’un tel corps céleste est une vraie surprise.
Kepler-10c, ce n’est pas la porte à côté : pour se rendre sur cette planète située à cinq cent soixante années-lumière de nous – c’est-à-dire à cinq mille six cents milliards de kilomètres –, il faudrait au voyageur galactique, s’il se déplaçait avec nos technologies actuelles, presque dix-huit millions d’années.
Une fois ce petit périple achevé, il pourrait a priori poser son pied sur Kepler-10c. Il s’agirait en effet d’une planète tellurique, tout comme la Terre, composée de roche et non de gaz comme sa taille aurait pu le laisser penser. L'explication ? Au moment de sa formation, plus une planète est volumineuse, plus elle attire de gaz – en particulier d’hydrogène – par effet d’attraction gravitationnelle. C’est un phénomène dont on peut observer les résultats non loin de chez nous, chez Jupiter par exemple, la plus grande planète gazeuse de notre système solaire.
Avec son diamètre de vingt-neuf mille kilomètres, soit 2,3 fois celui de la Terre, Godzillaremplissait a priori les conditions pour évoluer de la sorte : les modèles des cosmologistes prévoient qu’en général, toute exoplanète une fois et demie plus grande que la Terre connaît ce sort.
Mais, surprise : non seulement Kepler-10c est grande, mais elle est en plus très massive – plus de dix-sept fois la masse de la Terre (102.1024 kilogrammes si l’on veut être précis, soit cent-deux suivis de vingt-quatre zéros). Une masse qui est difficilement compatible avec une planète gazeuse et suggère donc que Godzilla est rocheuse.
 
Un séjour qui ne sera pas de tout repos
Notre voyageur pourrait donc y faire une petite balade, au prix, toutefois, de quelques désagréments. Premièrement, s’il avait l’idée saugrenue d’embarquer un pèse-personne avec lui, il aurait une mauvaise surprise. Ce voyageur habitué à voir apparaître soixante-dix kilos sur Terre verrait sur Kepler-10c le chiffre beaucoup moins flatteur de deux cent trente et un kilos. La faute, encore une fois, à la masse importante de cette planète et de son attraction gravitationnelle.
Mais cet embonpoint subi serait pourtant le cadet de ses soucis : il devrait également composer avec la chaleur qui règne sur Kepler-10c. Elle tourne autour de son étoile en quarante-cinq jours seulement, ce qui veut dire qu’elle en est très proche. Notre voyageur serait donc désintégré instantanément par la chaleur, et par extension, toute forme de vie y ferait long feu.
Et au début, les étoiles
Godzilla, comme ce surnom l’indique d’ailleurs plutôt clairement, n’est donc pas très intéressante pour le vagabond intergalactique. Pour le scientifique en revanche, elle présente beaucoup plus d’intérêt. Son système stellaire, Kepler-10, est très âgé ; on l’estime à environ onze milliards d’années, ce qui signifie qu’il s’est formé moins de trois milliards d’années après le Big Bang. L’existence même de Kepler-10c (le « c » signifie qu’il s’agit de la deuxième planète de ce système ; Kepler-10a étant l’étoile, Kepler-10b la première planète, etc.) montre que des planètes rocheuses ont pu se former alors que l’univers était encore adolescent. Ce n’était pas écrit d’avance, car pour ce faire, elles ont besoin d’éléments lourds comme le silicium et le fer, qui n’étaient pas très abondants à cette époque.
Ces éléments sont créés dans les étoiles. Pour résumer, les toutes premières étoiles de l’univers étaient composées des seules choses présentes à l’époque : des éléments légers comme l’hydrogène, par exemple. Au sein de la fournaise qui leur sert de noyau, la chaleur est telle que ces éléments vont s’assembler par réaction de fusion nucléaire. Cela va dégager l’énergie nécessaire pour que l’étoile brûle, et cela va surtout créer un nouvel élément, plus lourd, fruit de la fusion des deux autres. Quand une étoile très massive aura brûlé tout son combustible, elle va exploser en supernova et disperser dans l’espace les éléments lourds qu’elle a créés. Ceux-ci vont ensuite être utilisés par de nouvelles étoiles pour se former, qui vont à leur tour exploser et répandre le tout. Les éléments les plus lourds deviendront ainsi de plus en plus présents dans l’univers, et pourront être utilisés, entre autres, pour former des planètes.
Une bizarrerie de l’espace ?
L’existence de Kepler-10c montre donc que toute cette série d’événements a pu se produire en un temps relativement court. Reste un autre mystère : déterminer comment une planète si grande peut avoir une masse si importante. Ce n’est pas une surprise à proprement parler, puisqu’une autre planète de ce type, Kepler-131b, a déjà été observée, mais sans le même niveau de précision. Des phénomènes de ce type sont cependant rares, et sortent un peu des modèles qu’ont les scientifiques pour expliquer la formation des planètes. Une bizarrerie, donc, qui devrait leur permettre d’affiner leurs modèles.

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